AccueilActivitésArchivesEn 2015Jacques Doucet -Yves Saint Laurent, Vivre pour l’art, Exposition à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, compte rendu par Brigitte Benoist

Jacques Doucet -Yves Saint Laurent, Vivre pour l’art, Exposition à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, compte rendu par Brigitte Benoist

Page publiée le 6 décembre 2015, mise à jour le 23 décembre 2015

Jacques Doucet -Yves Saint Laurent Vivre pour l’art Exposition à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent 3 rue Léonce Reynaud, Paris 16e

Compte rendu par Brigitte Benoist

Avant de devenir le Musée Yves Saint Laurent, qui présentera exclusivement les vêtements créés par le couturier, la fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent organise sa dernière exposition Jacques Doucet, Yves Saint Laurent, Vivre pour l’art
.
Bien des points communs réunissent ces deux hommes, couturiers et collectionneurs.

Si Jacques Doucet habilla les héroïnes de Proust et les actrices célèbres, il ne fut pas un créateur aussi novateur et universellement reconnu qu’Yves Saint Laurent. Ils furent collectionneurs, non pas en accumulant nombre de chefs-d’œuvre pour seulement les posséder mais pour vivre au milieu d’eux, leur créer un cadre qui est lui-même une forme d’art, établir des correspondances, des conversations entre les tableaux et les objets. Cette exposition consacre trois salles au studio de Jacques Doucet, 33 rue Saint James à Neuilly et deux salles au 55 rue de Babylone, à Paris où YSL passa près de quarante années.

Les objets et tableaux exposés dans ces cinq salles suffisent pour montrer ce qui unit le goût et les choix des deux collectionneurs : l’art africain, l’art oriental, les peintres impressionnistes, post-impressionnistes, surréalistes et l’Art déco, les œuvres de « chez Doucet » ressurgissant « chez Saint Laurent ». Mais alors que Doucet avait commandé ces œuvres à des artistes alors inconnus, le goût de Saint Laurent est nourri de nostalgie, à l’exception des artistes François-Xavier et Claude Lalanne. Pierre Bergé et Yves Saint Laurent ont, parmi les premiers, sorti de l’oubli l’Art Déco en achetant Legrain et Miklos lors de la vente Doucet en 1972.

Alors que les reportages et les nombreux documents photographiques ainsi que l’exposition qui a précédé la vente de 2009 chez Christie’s ont largement diffusé l’aménagement du 55 rue de Babylone, il n’y avait pour le studio de la rue Saint James que les photographies en couleurs parues dans L’illustration du 3 mai 1930. Des photographies du studio, qui appartenaient à Pierre Legrain, ont récemment été achetées par le Virginia Museum of Fine Arts et sont pour la première fois présentées. En noir et blanc, précisant par des notes au verso la nature des matériaux, projetées en grand format dans la salle 2 de l’exposition, elles permettent d’imaginer la splendeur et le raffinement de ce lieu unique, composé d’un vestibule, d’un salon et d’un cabinet oriental. La reconstitution nous est facilitée puisque certains tableaux et meubles sont présentés et disposés comme dans ces photographies et donc comme Doucet l’avait souhaité.

Il ne faut pas oublier que lorsque Jacques Doucet décide d’aménager ce studio à la fin de sa vie, il a successivement et parfois concomitamment, réuni une collection d’art du XVIII siècle revendue en 1912, une bibliothèque d’art et d’archéologie, une collection de peintres du début du XXe, une collection de mobilier alors d’avant garde, une exceptionnelle bibliothèque littéraire, une collection de reliures (une vitrine présente quelques reliures de Pierre Legrain et de Rose Adler, du fonds de la BLJD). Il a en projet une cinémathèque. Il fait appel à de jeunes artistes alors inconnus, Pierre Legrain, Gustave Miklos, Joseph Csasky, Eileen Gray, René Lalique, Marcel Coard, pour créer un écrin qui lui permette de vivre au milieu des chefs-d’œuvre qu’il a élus pour son seul plaisir.

Grâce à cette exposition, nous pouvons avoir l’illusion de partager quelques instants l’accomplissement dans ce studio de la recherche voluptueuse de l’harmonie, de la perfection, de la poésie, d’une vie pour l’art. C’est aussi un monde perdu, puisque, comme le 55 rue de Babylone, tout a été vendu. Le studio a été détruit et remplacé par un immeuble.

Le catalogue, co-édition Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent Flammarion, avec de très beaux textes notamment du commissaire de l’exposition, Jérôme Neutres, et de François Chapon, directeur honoraire de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet, reproduit les photographies des deux lieux et les différentes œuvres avec des commentaires détaillés.

Exposition ouverte jusqu’au dimanche 14 février 2016.

Uli

Statue du Nord de la Nouvelle-Irlande, hauteur 125 cm.
Don d’Aube et Oona Elléouët

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