Fondée sur les archives d’André Frénaud (1907-1993) conservées à la BLJD, enrichies par les dons récents de Monique Mathieu Frénaud, l’exposition offre du poète un portrait à la fois attachant et exigeant.
Neuf vitrines où voisinent manuscrits et éditions illustrées par les amis peintres, que complètent des œuvres exposées au mur ou sur socles – ces dernières permettant d’apprécier les élégantes reliures de Monique Mathieu – dessinent le parcours du poète, des Rois mages (1943) jusqu’à Nul ne s’égare (1986).
Parmi les artistes qui ont accompagné l’œuvre du poète, citons Vieira da Silva, Geneviève Asse, Pierre Alechinsky. Un manuscrit d’Yves Bonnefoy consacré à Frénaud ou des textes qu’il a écrits sur Follain ou Leiris témoignent de ses liens avec la communauté des poètes.
Grâce à deux vidéos, l’on voit et entend Frénaud, dans son dialogue avec Bernard Pingaud, et lorsqu’il lit ses propres poèmes. L’on reste sous le charme de sa présence chaleureuse, et d’une poésie que module si bien un léger accent bourguignon.
Un livret balise très utilement l’exposition. Et de légers « papillons », portant la parole de Frénaud, sont offerts aux visiteurs. L’on déchiffre ainsi des formules, pleines d’humour et de modestie, tirées de son oeuvre. « Je me sens inacceptable », dit l’un ; « Égaré, égaré, laboureur au labour de soi dans la nuit », remarque l’autre ; ou encore : « Quand je remettrai mon ardoise au néant un de ces jours il ne me ricanera pas à la gueule. Mes chiffres ne sont pas faux, ils font un zéro pur. »
Seul regret : la durée plus que brève de cette belle exposition. Aucun document numérisé ne pourra rendre la présence émouvante de ces documents précieux. Alors une prolongation ne s’impose-t-elle pas ?
Marie-Claire Dumas